Patricia Menetrey

Un Voie de Réalisation

Interview de Paule Lebrun par Patricia Menetrey au Forum 104 à Paris le 23 janvier 2014 pour MéditationFrance

Éditions VEGA / TREDANIEL – 2013

Certaines rencontres avec des êtres peuvent changer votre vie. Paule Lebrun est de celles là et je vous souhaite de ne pas rater une telle rencontre si l’occasion s’en présente pour vous.

J’ai eu l’occasion de côtoyer Paule en Orégon dans les années 1980 en territoire amérindien des Hopis et de la retrouver plus tard lors de mon long séjour en Inde au sein de l’École des Mystères créée par OSHO à Puna.

Dans l’ouvrage qu’elle vient de publier et dont je vous recommande vivement la lecture, elle décrit avec précision la « quête de vision » qui exprime la quintessence de son cheminement initiatique et son aboutissement dans la pratique d’un puissant rite de passage traditionnel : un grand saut dans l’inconnu au risque d’une rencontre authentique avec soi-même par une reconnection avec les forces primales de LA VIE.

P.M. : Paule Lebrun quel fut votre cheminement depuis votre découverte d’une école des mystères en Inde, jusqu’à votre rencontre avec les amérindiens Lakota et leurs quêtes de vision dont votre livre décrit le processus et qui nourrit aujourd’hui votre pratique ?

En nous se trouve toujours présente une nostalgie de l’âme sauvage. La quête de Vision m’a permis de relier les deux approches.

J’ai animé longtemps des groupes Satori avec la pratique des koans et également la méditation Vipasana. En expérimentant la quête de Vision, j’ai découvert un processus puissant qui m’a permis de réunir une totalité. La structure est la même : Vipasana tend vers une disparition, vers une mort de l’Ego. Dans les rites amérindiens, la mise en scène symbolique de la mort amène une renaissance. Il y a similitude entre ce processus et les mystères de toutes les traditions, a commencer par celle de la Grèce antique qui nous est plus familière en occident.

P.M. : Que dire de votre pratique ?

Se retirer de sa communauté relève d’une pratique universelle : Buddha, Mahomet, Jésus se sont isolés pour leur propre quête de vision. Ce processus nous permet de retrouver les formes qui constituent le sacré. Ces pratiques ouvrent à d’autres niveaux de compréhension et de conscience. Je me regarde dans le miroir de la nature et je découvre ma propre nature sauvage : une âme dans un corps animal.

Une vision, c’est lorsque les écailles vous tombent des yeux. Par ce nettoyage, s’ouvrent les portes de la perception. Et ces visions participent à la construction de la REALITE de L’ÊTRE.

L’expérience que je propose et, à la fois, très physique et hautement symbolique. Les dimensions mythiques manquent singulièrement à notre culture. Dans sa quête d’absolu, l’individu va rechercher dans les drogues une dimension héroïque de la vie. Nos addictions révèlent le manque de Dieu. Aujourd’hui l’homme a soif d’initiation. Derrière les apparences du monde se situe quelque chose d’invisible et de sacré avec lequel il est impératif de renouer. Dans les rituels dont le cercle de pierres, un champ archétypal se crée. Il nous faut revivifier notre rapport à ce monde invisible. C’est une question de survie.

P.M. : Votre pratique est issue et témoigne d’un cheminement initiatique long, persévérant et exigeant. S’il est possible de le dire avec des mots, où en êtes-vous aujourd’hui ? 

ll n’y a pas de porte de sortie. Il faut faire face à la mort avant la mort, ainsi elle n’est plus « mort » mais passage. Regarder la vie du point de vue de la mort nous amène à notre propre grandeur.

Le véritable héros est « celui qui cherche ». Il faut tendre à ce paradoxe : Je suis, à la fois, « cherchant et créateur ». Je suis « l’ombre et la lumière ».

La VIE n’est pas une énigme à résoudre mais un mystère à vivre qui peut aussi devenir un émerveillement permanent. Aujourd’hui JE LE SAIS et c’est mon devoir de m’inscrire, à mon tour et à ma place, dans la transmission de cette connaissance immémoriale.

P.M. : Votre journée a été très lourde. Merci Paule pour ce bref interview.