Patricia Menetrey

Un Voie de Réalisation

La cause des femmes

Dire que cette cause me tient particulièrement à cœur serait un euphémisme.

LE CHOC DE L’INDE

J’arrivais de Genève où je venais de passer mes années d’études universitaires. Genève : son lac, ses calmes certitudes, son opulence discrète et paisible, ses diplomates et ses institutions financières.

Ma rencontre avec l’Inde fut d’autant plus violente, bouleversante et magnifique : la misère omniprésente, absolue et inacceptable d’où surgissait pourtant, à travers tant de sourires lumineux, la JOIE et la puissance de LA VIE, incarnée et resplendissante (*).

C’est là que j’ai commencé à prendre ma mesure en tant qu’être humain et à m’interroger, en particulier, sur la signification d’être femme dans son rapport avec un contexte social, culturel, politique et religieux dominant.

Je me trouvais confrontée à une violence incommensurable, bien qu’ordinaire pour ceux qui la subissaient : le système des castes qui fixait inexorablement les destins, le système des « dotes » pour lequel une famille s’endettait à vie et qui déterminait la condition féminine. Une fille était mariée à 8 ans par l’arrangement des familles. En entrant, un peu plus tard, dans la famille de son mari, elle en devenait la domestique corvéable à merci. Et si le service ne convenait pas (ou si le mari se lassait), elle était tout simplement arrosée d’essence et brûlée vive ; ce qui faisait 3 lignes dans la gazette locale, au titre d’un « accident domestique », sans que personne ne s’en émeuve particulièrement tant la pratique en était fréquente et connue de tous.

Ce fut, pour moi, le début d’une longue et profonde réflexion sur la manière de travailler avec des femmes pour les aider véritablement.

(*) Pour mieux connaître le quotidien de l’Inde dans ses années là, ne manquez pas la lecture de «La cité de la joie » de Dominique Lapierre – éd. Robert Laffont – 1985. Et pour aller plus loin, de visiter son site : https://youtu.be/GmB2O9fXE1I.

CONSTRUIRE UNE AUTRE RÉPONSE

Dans un pays aussi démesuré que l’Inde où j’étais venue apprendre l’art de la méditation -l’ultime liberté-, comment agir efficacement face à toutes ces inégalités et ces brutalités qui défiaient l’entendement ?

Se battre contre les coutumes et les lois de tout un pays ? Illusoire combat dont 68 m’avait laissé un goût amer. Aspirant à un modèle de vie différent, j’avais découvert l’horreur d’une violence qui ne me convenait pas. S’opposer à la violence par une autre forme de violence n’a jamais fait qu’ajouter à la violence.

C’est dans l’approfondissement de ma propre nature au sein de la commune d’Osho que j’ai trouvé une autre voie : celle de la résistance par la conquête d’une liberté intérieure qui s’avère, au bout du compte, d’autant plus solide qu’elle est enracinée dans l’authenticité de l’Être. Pas facile à construire, certes, en raison des tous les conditionnements qui font obstacles, mais toujours POSSIBLE …et véritablement inexpugnable quand elle est acquise.

En tâtonnant, j’ai commencé à développer des méthodes de travail, puis des ateliers qui m’ont convaincu de leur efficacité (et quelques fois, laissée ébahie de leurs retombées sur leur environnement). Depuis, je n’ai jamais cessé d’y travailler pour approfondir, développer et mettre en œuvre ces puissants outils.

Le retour à Paris

A mon retour en France, après les innombrables expéditions qui ont continué à m’éclairer sur la permanence d’une problématique sous des formes différentes, je me suis trouvée, une fois de plus, confrontée à cette question dans une réalité plus sournoise mais bien présente, quoique largement dénoncées par quelques courageuses féministes.

En marge de mes consultations habituelles, j’ai, alors, commencé à collaborer avec la Clinique des Bleuets (XI arr.) qui était pionnière en matière d’accouchements alternatifs.

L’observation de conceptions et de vécus foncièrement naturels du processus de la naissance au cours de mes nombreuses pérégrinations au sein de différentes communautés et dans beaucoup de pays nourrissait alors ma réflexion. Je fus alors sidérée de découvrir les effets induits par une médicalisation à outrance qui sévissait partout en France.  Évidemment utile pour quelques situations à risque, cette médicalisation généralisée finissait par priver la plupart des femmes d’être pleinement actrice de leur accouchement.

  Avec Jeanne, sage femme d’exception, nous avons également créé un lieu d’accueil qui offrait aux femmes des quartiers défavorisés des séances hebdomadaires et gratuites de préparation à un autre vécu de ce moment exceptionnel.

Tout l’enjeu de mon engagement pour la cause des femmes durant ces années là fut d’aider les futures mamans à se réapproprier en pleine conscience tout le sens, toute la responsabilité et toute la beauté de leur acte.

Quand cet événement se produit dans la vie d’une femme -et bien sûr, ce n’est pas une obligation-, il constitue, dans ma vision, une part essentielle, constructrice et fondamentale de son identité.

En même temps, l’approfondissement de ma réflexion sur « la condition des femmes » m’amenait à un questionnement plus essentiel de « l’identité féminine » qui n’a pas manqué de faire évoluer ma pratique. 

L’aventure des « festivals du Féminin »

Et puis, en 2012, est née  cette fantastique épopée des « festivals du Féminin » dans laquelle je me suis immédiatement reconnue et au sein de laquelle je n’ai cessé de conduire des ateliers, comme celui du « Mythe du Prince Charmant » ou « De la  Guerrière à la Femme Sage » : un travail de fond sur les archétypes et tous les conditionnements vécus pour les déconstruire et retrouver une souveraineté oubliée.

Devenu un mouvement d’ampleur mondiale, cette belle initiative des « festivals » ne cesse d’agréger et de mobiliser des femmes (animatrices ou participantes) venant de tous horizons. Et tous ces rassemblements réguliers contribuent à nourrir nos pratiques et nous permettent de progresser dans notre réflexion

C’est ainsi que, sous l’influence de quelques-unes unes(**), cette grande manifestation est en train de s’ouvrir au « Masculin/Féminin », ce qui m’apparaît comme un juste aboutissement tant la souffrance refoulée de part et d’autre mérite une approche partagée dans la clarté de la vérité.

Aujourd’hui, l’aventure se poursuit. Elle est ouverte à toutes (et désormais à tous) celles et ceux qui sont en recherche sincère d’une identité assumée dans la liberté d’une relation authentique.

(**) Agnès et Yveline -cf. lien : www.femininaupaysdelhomme.com et https://uneterredesfemmes.fr